Émergences d’avril, Epitheca est là...
Même si par le passé, quelques espèces font leurs premières émergences un peu avant, en mars, comme Ischnura pumilio dès le 12 mars en 2023 et à partir du 23 mars en 2021, ou encore Coenagrion mercuriale le 23 mars 2014. Vers la fin de mars, apparaissent Enallagma cyathigerum, Ischnura elegans et Pyrrhosoma nymphula. Calopteryx splendens et C. virgo arrivent un peu plus tard, cette année à partir du 7 avril pour le premier et du 12 avril pour le second. Bien entendu, on a nos Sympecma fusca tout l’hiver, quelques Sympetrum striolatum qui résistent encore en janvier, et nos arrivants méridionaux comme Anax ephippiger et A. parthenope, mais ce ne sont pas des émergents.
Parmi les anisoptères, c’est souvent Cordulia aenea qui inaugure le bal, parfois très tôt comme le 1er avril 2014 en Bresse. Le 10 avril, sur ce site web, nous avions dressé un petit bilan des espèces les plus précoces pour l’Ain en 2024.
Passons maintenant à l’une des espèces qui, si elle n’est pas la plus rare, passe souvent pour insaisissable et mythique, Epitheca bimaculata, la Cordulie à deux taches. L’Ain est particulièrement riche en sites de cette espèce et les suivis y sont réguliers. En conséquence, nous y avons les sites les plus élevés, les sites les plus bas, les observations les plus précoces et les plus tardives.
Ce sont souvent les exuvies, très caractéristiques, qui permettent d'observer cette espèce.
À cette date, les mentions les plus précoces sont une exuvie le 13 en 2014 à Viriat et une femelle ténérale en 2020 à Lent. Les mentions les plus tardives sont au 13 juin, les mentions plus tardives encore étant des exuvies récoltées jusqu’au début de juillet çà et là et le 12 aout 2010 en bord de Saône !
Ce 15 avril 2024 constitue donc une première donnée précoce à l’étang des Gonnets à Viriat, avec 2 exuvies trouvées en début de soirée et probablement émergées le matin au vu de leur fraîcheur. Le lendemain vers 13 h deux exuvies sont trouvées, sans qu’il soit possible de dire s’il s’agit d’une émergence du jour ou d’un oubli de la veille. En tout cas, malgré le froid (8° C, des averses et quelques rares éclaircies) on avait une émergence de Cordulia aenea et une larve en train d’attendre pour émerger.
Quelques kilomètres plus loin, à l’étang des Teppes à Marboz, la température frôle les 11° C, mais les averses sont de plus en plus nombreuses !
Qu’importe pour Epitheca, c’est le moment d’émerger. En tout, 48 exuvies, 3 émergences et une larve seront observées. Vers 17 h les bourrasques de pluie m’accompagnent dans la fin de la tournée, il ne fait plus que 7° C. Le premier individu émergeant vu au début s’est envolé et la larve n’est plus là.
Le 15 avril, sur un petit étang privé de Marboz que le propriétaire nous a autorisés à propsecter, 3 exuvies de Gomphus pulchellus annoncent le début de saison, très précoce pour l’espèce dont la plus précoce observation avait eu lieu le 18 avril 2017 à l’extrême sud du département.
Pour résumer
Et pour finir, la magnifique prairie de fauche juste en-dessous de cet étang, fleurie de plus de 400 pieds d'Anacamptis laxiflora (Lam.) Bateman, Pridgeon & Chase 1997 une orchidée protégée en Rhône-Alpes. La passion des libellules n'empêche pas de jeter un œil aux autres merveilles de la nature.
Texte et photos Régis Krieg-Jacquier
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